lundi 2 décembre 2024

Texte introductif au débat "Qu'est ce que l'Anarchisme?" du 22 Novembre 2024 au bar "La Bascule"

 


Remerciements appuyés au bar « La Bascule » qui nous a fait l’invitation pour ce soir. On partage les mêmes valeurs de lieu autogéré et les principes du coopérativisme


Qu’est-ce que l’anarchisme ?

→ Une philosophie politique, l’état d’âme de doux rêveurs vaguement utopistes ou au contraire l’expression d’une volonté de détruire toute forme de domination par tous les moyens possibles, y compris la violence ?

Comment militer vers l’anarchisme pour arriver à changer la société ?


Avant tout, nous allons vous dire d’où nous parlons car il est essentiel de savoir qui défend quelles idées au nom de quoi ?

→ Présentation du groupe la Sociale, du local La Commune et de la Fédération Anarchiste. (les œuvres RL, Editions, ML)

→ Principes de base de la FA

→ Table de presse et une caisse pour le soutien du local La Commune et laisser les contacts


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Grands principes de l’anarchisme:


Définition très officielle du Larousse :

Conception politique et sociale qui se fonde sur le rejet de toute tutelle gouvernementale, administrative, religieuse et qui privilégie la liberté et l'initiative individuelles.

Selon l’éminent géographe du 19° siècle, Elisée Reclus, c’est aussi « La plus haute expression de l’ordre »




L’anarchisme n’est pas un projet figé. On vise à construire ensemble les outils de l’émancipation et le projet politique en fonction de la réalité sociale, culturelle et historique, ce qui fait des anarchistes des tenants réalistes du matérialisme scientifique et pas les détraqués (rêveurs ou terroristes) comme il sont souvent présentés par ceux qui ont peur de la Liberté. La plasticité de cette conception de projet politique fait donc de l’anarchisme une philosophie politique plus en prise avec le réel que le marxisme, car celui-ci est resté figé dans un dogme issu du 19°siècle et dont qui ne s’est pas adapté à l’évolution des rapports sociaux.


Dans les grandes lignes, l’anarchisme défend les valeurs essentielles suivantes :

D’abord la Liberté → « la liberté des uns étend la mienne à l’infini » de Bakounine plutot que sa conception bourgeoise « La liberté individuelle s’arrête là où commence celle d’autrui ». L’anarchisme ajoute que la liberté est la condition même de réalisation de l’Egalité

Ensuite, l’Egalité qui est la condition même de réalisation de la Liberté. La liberté sans égalité, c’est la loi du plus fort, la liberté du renard dans le poulailler. L’égalité sans la liberté c’est l’encasernement de nos espoirs, de nos rêves dans le cadre étroit de l’Etat, bref, la fin de toute envie de réalisation de projet politique émancipateur.

Enfin, le Socialisme, qui est la mise en commun des moyens de production et la disparition de leur propriété privée

L’anarchisme se traduit bien entendu par la fin de toute forme de domination politique. L’abolition de l’État est donc la condition première à l’affranchissement réel de la Société. Celà passe donc, en particulier, par le rejet de la dictature du Prolétariat


Mais comment organiser la société en l’absence d’État ? La cellule de base de la société est l’individu et pas la famille comme en système bourgeois. Mais l’homme étant un animal social, il construit ces relations avec les autres. L’idée de l’anarchisme est que ces relations sociales soient exemptes de toute forme de pouvoir et de domination. L’ensemble des relations sociales est basé sur la confiance et des relations d’intérêts partagés et librement consentis, plutôt que sur la contrainte.

→ Dans le projet anarchiste, le Fédéralisme et l’Autogestion (ou gestion directe) sont les 2 outils de gestion de la société par les travailleurs et par la population proposés par les anarchistes.


Pour ce qui est du Fédéralisme :

Sur le plan économique, la Fédération ou syndicat des travailleurs, avec la fédération des consommateurs définissent leurs besoins et décident ensemble ce qu’il faut produire.

Sur le plan politique, la Commune prend les décisions à son échelle en fonction des préoccupations qui sont les siennes sur les sujets qui la concerne. Elle ne le fait pas égoïstement dans le déni des besoins des autres communes, mais dans le cadre d’intérêts partagés au sein de la Fédération des communes qui aurait en charge la construction de la politique (au sens « vie de la cité ») à une échelle plus large.


L’anarchisme n’est pas un localisme ni un égoïsme: nous sommes favorables à ce que l’ensemble des ressources de la planète soit utilisée partout par tout ceux qui pourraient en avoir besoin. Ainsi, la commune qui dispose de réserves acquifères ne devrait pas conserver égoïstement cet accès pour elle-même mais au contraire en faire bénéficier les autres, au nom du principe de solidarité.

Globalement pour la consommation de tout type de ressources, nous serons amenés à définir collectivement nos besoins : par exemple, aura t on vraiment besoin, dans un système débarassé du capitalisme d’autant de technologies au vue de leurs impacts ? Ne peut on pas aussi prendre en considération les contraintes des populations qui doivent subir les conséquences environnementales de l’extractivisme minier des métaux rares? Par exemple, admettons que demain la collectivité décide qu’elle a absolument besoin de cobalt ou de lithium pour rouler en voiture électrique ou pour les téléphones portables, leur extraction devra évidemment se faire sans exploitation du travail, et encore moins des enfants, et de la façon la moins polluante possible.

Pour ce qui est de la répartition des tâches dans la société future, nous souhaitons que les tâches les plus ingrates ne soient pas réservées toujours aux mêmes personnes, et nous estimons que l’élévation moyenne des niveaux d’éducation devrait permettre à chacun de décider en son âme et conscience du métier qu’il souhaite faire, même s’il semble évident que certains emplois sont beaucoup nécessaires au fonctionnement de la société que d’autres. Ces emplois, souvent les plus ingrats, sont aussi les plus mal payés. Il en serait autrement en société anarchiste. Toute heure de travail serait valorisée de la même façon qu’elle que soit l’activité. Les travaux les plus difficiles devraient bénéficier de réduction du temps de travail et être partagés entre tous, dans la mesure du possible.

Il est entendu qu’il ne sera demandé qu’à chacun selon sa capacité, et chacun recevra selon ses besoins. Globalement, selon l’anarcho-syndicaliste Pierre Besnard dans son ouvrage « Le Monde Nouveau », la cohérence entre les besoins et leur satisfaction par la production des travailleurs pourrait être assurée par les remontées d’information des instituts de statistiques, et la coordination par une Confédération des travailleurs et des consommateurs, représentant leurs intérêts, à faire converger dans le cadre des contraintes actuelles, en particulier environnementales.


L’organisation collective passe par le fédéralisme. La Force Collective est organisée à partir des composantes diverses de la société.


Concernant l’autogestion. L’autogestion, ce n’est pas gérer son asservissement comme il peut parfois nous être proposé dans les entreprises, au travers des cercles de qualité, ou autres instances participatives dans le cadre de relations sociales que les employeurs cherchent à pacifier.

L’autogestion, c’est décider ensemble, sur la base des informations réelles de la production partagées entre tous, de ce que l’on devrait produire davantage, ou continuer à produire autant, ou ce que l’on pourrait arrêter de produire car inutile, et ce que l’on devrait arrêter de produire car nuisible. Ces décisions d’usage de l’outil de production ne peuvent se faire qu’en prenant en compte l’ensemble des contraintes : lieu de production, impact environemental, difficulté du travail, temps de travail.

Les décisions productives se prennent sans considération aucune sur le profit qu’il en sera dégagé, la sur-valeur générée par le travail pourra alors être partagée entre tous les travailleurs de ce secteur d’activité et avec les travailleurs des autres secteurs d’activité, et la collectivité. La notion de valeur du travail ne sera plus basée sur le profit généré par ce sur-travail, mais sur son utilité sociale exclusive.

Il ne pourra donc pas y avoir autogestion sans socialisation des moyens de production -donc sortie du capitalisme- ni sans la libération des services publics de l’emprise de l’État, Etat qui décide de l’allocation des budgets en fonction d’intérêts propres.


Notions de compétences et Exemple d’autogestion d’un Hôpital. Si je suis électricien dans l’hôpital je ne vais pas faire les travaux de chirurgie et réciproquement, pour autant, chaque service de l’hopital peut fonctionner de façon autonome dans la mesure où il sert les intérêts communs et coordonnés dans le cadre des offres de santé publique.


Il y a donc une logique de contrat entre les parties prenantes de la société : producteurs et consommateurs, mandatés et représentés.


Il ne s’agit pas ici de déléguer nos responsabilités de producteurs, de consommateurs, et d’habitants d’un territoire à des professionnels de la politique, fussent t ils anarchistes. Il s’agit que chacun prenne ses affaires en main, s’implique dans la vie sociale et publique, pour défendre ses intérêts et ceux des personnes qu’il peut représenter.

En effet, on ne peut pas décider démocratiquement dans une AG à 10.000 personnes. Il faut donc mettre en place les principes du mandat impératif et le mandaté révocable.

Expliquer le principe des mandats impératif et le mandaté révocable




Des exemples de révolutions anarchistes ou d’inspiration libertaire: La Commune de Paris 1871, Espagne 1936, Ukraine entre 1917 et 1921

Des exemples de Scoop 10 ans de Scop-TI (les anciens éléphants- FraLib), Duralex, LIP dans les années 70 , entreprises autogérées en Argentine 2001

Des territoires libérés de l’exploitation, Exarchia à Athènes, des communautés comme Christiania ou ZAD. Le chiapas au Mexique, le Rojava. Auto-organisation des peuples


CONCRETEMENT

Aujourdhui plus que jamais les raisons de lutter sont nombreuses : en finir avec les milliardaires, la casse de ce qui reste des services publics, augmenter les salaires, baisser le temps de travail pour le partager, sauvegarder le vivant


Ce dernier point est central : A quoi peut servir un projet politique défendu par l’espèce la plus prédatrice de la planète s’il n’intègre pas la question de quels sont les survivants qui pourraient en bénéficier ? La COP 29 qui se finit aujourd'hui en azerbaïdjan, prend acte, après toutes les précédentes depuis 32 ans, que 6 limites planétaires dépassées sur un total de 9: La pollution et l'exploitation des ressources naturelles par l'humanité ont déjà entraîné le franchissement de limites comme le changement climatique, la déforestation, la perte de biodiversité, la quantité de produits chimiques synthétiques, la raréfaction de l'eau douce et l'équilibre du cycle de l'azote. L'acidification des océans et la concentration des particules fines polluantes dans l'atmosphère sont au seuil critique. Seul l’état de la couche d’ozone serait sous le seuil acceptable.


Ce sujet environnemental va générer des troubles géo-politiques majeurs dans les années à venir.

Savoir comment des militants révolutionnaires peuvent répondre à cet enjeu est essentiel


Quels sont nos moyens d’action ?

→ Nous ne sommes pas une avant-garde éclairée

→ Nous ne dissocions pas les moyens de la fin. On ne milite pas en France 2024 en phase de recul social comme en 1936 en Espagne en phase révolutionnaire.

→ Nous ne nous présentons pas aux élections. " Le pouvoir ne doit pas être conquis, il doit être détruit " et «  « Prenez le révolutionnaire le plus radical et placez-le sur le trône de toutes les Russies ou avant un an il sera devenir pire que le Tsar lui-même. »

→ Le projet anarchiste n’est pas un projet réformiste, que l’on pourrait amener de façon graduelle pour anarchiser une culture, une économie, un Etat. Se positionnant en rupture avec l’exploitation capitaliste et contre l’État, une société anarchiste ne pourrait advenir que d’une révolution sociale.


Celà ne fait pas pour autant des anarchistes des rêveurs la tête dans les étoiles, attendant le grand soir qui ne viendra peut-être jamais. Au contraire, les militants anarchistes sont persuadés que l’action est le moteur de l’histoire.

Les anarchistes ont été et seront toujours du côté de ceux qui souffrent et qui luttent pour changer le cours des choses.


C’est dans les luttes sociales que se créé la conscience de la nécessité du changement radical de système. Raison pour laquelle nous sommes depuis nos origines impliqués dans l’ensemble des luttes sociales pour, d’une part, améliorer la condition concrète des exploités, et d’autre part pour amener l’idée d’un nécessaire renversement de l’ordre établi.


Au delà des grands ou des plus petits faits de l’histoire, les anarchistes ont réussit à faire passer de nombreuses idées comme acceptables aujourd’hui : le droit à l’avortement, au contrôle des naissances, l’abolition de la peine de mort, la liberté de conscience, de pensée et d’expression, les anars ont été à l’origine du syndicalisme (révolutionnaire à l’époque) et y sont encore actifs dans nombre de pays, ont été organisateurs et promoteurs des sociétés de secours mutuel avant la création de la Sécurité Sociale (de chacun selon ses possibilités, à chacun selon ses besoins), ont participé de tous les combats anti-autoritaires contre le nucléaire, et en défense de l’environnement, et ont été insoumis et objecteurs de conscience au service militaire…


Qu’est ce que nous groupe la sociale on fait ? Comment on fait pour militer pour l’anarchisme en 2024 ? Pourquoi nous rejoindre ?


Nous pensons qu’il faut massivement réinvestir et mettre les organisations syndicales au service des exploités. Nous travaillons avec les forces de progrès. Nous promouvons les alternatives en acte, même si elles ne représentent pas une rupture actuelle avec le capitalisme, la force de l’exemple peut aider à se poser des questions sur le fonctionnement global de la société. La lutte réformiste peut être une « Gymnastique Révolutionnaire ». Nous travaillons dans le cadre d’organisations réformistes (associations, syndicats…) et parfois avec des organisations réformistes, quand il nous semble que cela nous permet de faire avancer nos idées dans le cadre d’une situation politique qui n’est pas révolutionnaire. Notre perspective est toujours révolutionnaire, aussi ne sommes nous pas dupes des tentatives de récupération des luttes autonomes par des professionnels de la politique, que nous dénoncerons toujours.

Car nous promouvons que chacun prenne ses affaires en main, là où il vit et travaille. Nous partons du réel vécu par les exploités. Nous n’avons rien d’autre à proposer qu’une éducation à la science de son propre malheur.


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Un penseur actuel de l’anarchisme, Gaetano Manfredonia dégage trois typologies du changement social chez l'anarchiste : insurrectionnel, syndicaliste ou éducationniste-réalisateur

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L’anarchisme n’est pas un gauchisme. Il est antérieur d’au moins 50 ans à la parution en 1920 de l’ouvrage de Lénine « La maladie infantile du communisme ». Il se distingue des diverses sectes marxistes en particulier sur le rejet de toute forme d’autoritarisme et en particulier par le rejet fondamental de son expression politique : l’Etat

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